Les bibliothèques. Un endroit magique dont les parents ont gardé de vifs souvenirs de leur enfance, où ils exploraient d’anciennes terres et de nouveaux pays grâce à un simple livre. Elles donnent un espace sécurisé aux enfants, dans lequel ils peuvent développer leur créativité, leur littérature et leur indépendance.
À quel point les bibliothèques sont-elles utiles pour apprendre, dans cette nouvelle ère technologique?
Sabine Parkin, la bibliothécaire de la section primaire à Haut-Lac, est convaincue que son rôle, dans la manière dont elle l’occupe, est primordial pour développer l’amour de la lecture chez les enfants.
« Le contact humain avec un bibliothécaire est irremplaçable si l’on veut continuer à encourager les enfants à lire dès un jeune âge », dit-elle avec une réelle passion. « Si les élèves prennent un livre de la bibliothèque, ils savent qu’ils l’ont choisi eux-mêmes. Cela aide les enfants à diversifier leurs gouts, plutôt que de se faire dicter leurs préférences par leur historique en ligne. »
C’est un point que Chantal, la bibliothécaire du secondaire, partage de tout cœur : « Dans une bibliothèque, il se peut que tu tombes sur des livres qui s’écartent de ce que tu lis habituellement, mais ils sont gratuits. Les enfants peuvent donc prendre des risques, sans avoir peur de perdre leur temps ou leur argent. »
Les ordinateurs dans la bibliothèque secondaire montrent également comment le rôle d’une bibliothèque change pour les élèves plus âgés, et dans le monde en général. « Maintenant, même si les livres resteront toujours importants pour le travail, je vois plutôt les bibliothécaires devenir des scientifiques de l’information », m’explique Chantal. « Les bibliothèques sont des endroits non seulement pour emprunter des livres, mais pour s'informer sur toutes sortes de sujets. »
Et comment cela s’applique à une bibliothèque d’école ?
« J’enseigne à mes élèves d’importantes compétences de recherches. Lorsque la recherche était uniquement basée sur les livres, les élèves pouvaient avoir plus de confiance dans les volumes qu’ils trouvaient dans la bibliothèque scolaire. Maintenant, avec internet, je leur enseigne comment sélectionner les ressources de manière critique et comment naviguer dans l’information, qui nous parvient filtrée en fonction de notre historique en ligne. Ils apprennent aussi ce qu’est le plagiat, et comment être du bon côté de l’honnêteté académique; ce sont des compétences essentielles plus tard dans la vie. »
Comme les bibliothécaires me le disent, une bibliothèque a toujours sa place dans notre société technologique, parce que c’est un lieu social. « Il y a toujours quelqu’un – élève, parent ou professeur – qui passe. » confirme Sabine. Et quand la bibliothèque a l’air aussi accueillante et belle que celle-ci, avec les livres bien rangés sur les étagères, attendant d’être lus, cela n’est pas une surprise.
Impliquer la famille dans le temps de lecture
Quand j’ai demandé quel était le rôle que les parents jouaient dans les lectures de leurs enfants, voici ce que Chantal m’a dit : « L’âge de 10-11 ans est souvent déterminant pour les enfants, puisque c’est là qu’ils atteignent l’âge où ils sont indépendants pour la lecture. C’est souvent à partir de ce moment que les parents arrêtent de lire ou de parler de livres avec leurs enfants, car la vie devient un peu plus remplie dès cet âge-là. Toutefois, il est réellement important de continuer à souligner l’importance de prendre du temps pour la lecture à cet âge. C’est peut-être à ce moment que l’élève choisit seul de lire, mais les parents peuvent toujours avoir un impact. »
Sabine aime impliquer les parents, en partageant avec eux des photos et des vidéos prises en classe, à propos des livres que leurs enfants ont lus. « La technologie m’aide pour ma mission de lecture, cela crée un lien entre la famille et l’école en aidant les parents à participer dans le développement de leurs enfants. J’encourage également souvent les liseurs réticents en demandant à leurs amis de leur recommender une histoire. Il ne faut jamais sous-estimer le pouvoir de la recommendation par un pair, ni des encouragements des professeurs ou des parents. Nous avons tellement de pouvoir pour instaurer la confiance en nos jeunes lecteurs en les comprenant et en les rassurant à propos de leurs choix de lecture, et c’est quelque chose qu’une machine ne pourra jamais faire ! »
Mettre en évidence les langues et les discussions importantes
En tant que bibliothécaires bilingues, il est aussi important pour Chantal que pour Sabine d'avoir un bel éventail de livres en français et en anglais, ainsi que beaucoup d’autres dans des langues différentes, telles que l’allemand, l’espagnol et l’italien. « J’ai aussi trouvé des rallies de lecture (comme un club de lecture) fantastiques, qui soulèvent des thèmes très importants et ont ouverts de grandes discussions dans la bibliothèque cette année. »
Les élèves primaires ont lu à propos des activistes du climat, des droits de l’enfant et de la migration, pour ne nommer que quelques sujets que Sabine leur a fait découvrir. « Ces livres ouvrent la perspective des élèves sur le monde et leur permettent de mettre des mots sur des idées qu’ils avaient peut-être, ou sur de nouvelles idées qu’ils découvrent. Ils expriment souvent des choses dont ils ont eux-mêmes été témoins, comme le camp de migrants à Calais. Sans la bibliothèque, ils n’auraient pas forcément eu un endroit comme celui-ci où ils peuvent dire ce qu’ils en pensent. »
Il y a un futur
Cela fait chaud au coeur de savoir que ces deux scientifiques de l’information/experts en livres croient toujours si fort en ce lieu et ce pouvoir de la bibliothèque. Même si son rôle évolue, surtout auprès des élèves plus âgés, il reste un rôle de valeur dans notre société.