Du stade Olympique aux rives du Léman, Sofia, diplômée de la promotion 2021 et athlète paralympique, est de retour et pense déjà à la prochaine étape. Elle a cependant accepté de rencontrer James, le Coordinateur Sport-Études à Haut-Lac, pour lui parler de son expérience de l'IBDP en tant qu'élève-athlète d'élite .
Arrivée 3ème au 100m dans la catégorie T63 aux Championnats d'Europe 2019 avait jusque-là été ton moment le plus mémorable en sport. Comment le compares-tu avec tes réalisations aux Jeux Paralympiques de Tokyo ?
Curieusement, je me sens plus honorée d'avoir atteint deux finales paralympiques que d'avoir remporté une médaille de bronze aux Championnats d'Europe. J'aurais adoré gagner une médaille paralympique, mais je concourais à un niveau beaucoup plus élevé contre des athlètes très professionnels.
Mes deux finales à Tokyo étaient beaucoup plus émouvantes, étant donné que j'étais face à des concurrentes venant des quatre coins du globe que le monde entier regardait. En fait, mon but prinicipal était de concourir et de me qualifier pour deux finales.
Non seulement tu as concouru et été qualifiée pour les deux finales, mais tu as également établi deux nouveaux records personnels.
Oui, j'ai obtenu un record personnel de 16,17 secondes au 100 m et de 3,96 m au saut en longueur. J'ai fait de gros progrès dans les deux épreuves, donc je suis vraiment contente. Je sais maintenant que je peux encore m’améliorer, courir plus vite et sauter plus loin.
Tu n'as commencé à courir qu'à l’âge de 15 ans et tu as déjà fait d'énormes progrès. Cela te rend-il optimiste et enthousiaste pour l'avenir et Paris 2024 ?
Oui, j'étais l'une des plus jeunes de la finale. Je suis vraiment contente d'avoir déjà atteint un si haut niveau et j'attends avec impatience Paris 2024.
Avec mon coach et toute mon équipe, nous avons vraiment hâte que je sois au meilleur de ma forme pour Paris 2024.
Pour moi, Tokyo a été une excellente expérience d'apprentissage. C'étaient mes premiers Jeux Paralympiques et j'ai beaucoup appris, notamment comment gérer le stress et les émotions qu'ils suscitent. Paris sera un plus gros défi encore, car je vais viser une médaille.
Tu as un peu parlé du stress et de la pression d'être sur la scène Paralympique mondiale. Comment rester calme et concentrée avant un tel événement ?
J'ai toujours été très positive. En ce qui concerne le stress, j'ai appris à très bien le gérer.
Je reçois un bon soutien de l’entraîneur de l'équipe suisse et travaille en privé avec un psychologue du sport. J'ai également pu parler au psychologue du sport de l'équipe suisse pendant les deux semaines à Tokyo, ce qui m'a beaucoup aidé.
J'étais plus stressée à l'idée d'atteindre mes objectifs et de me qualifier pour les deux finales. Une fois ces buts atteints, j'ai juste apprécié les jeux, reconnaissante d'être là. Réaliser deux records personnels m'a vraiment aidé à me détendre.
Arriver à un point où vous ne voyez plus de progrès se faire, peut parfois être difficile pour les athlètes. Cela m'est arrivé pendant la pandémie. Je me souviens avoir pensé « Qu'est-ce que je fais ? Je ne progresse pas, est-ce que je dois continuer ? Mais, comme les Jeux Paralympiques me l'ont démontré, je suis toujours capable d'apprendre et de m'améliorer.
En tant qu'ancienne élève Haut-Lac quelles sont, selon toi, les compétences qui t’ont le plus aidée à gérer tes études IBDP, ta vie d’étudiante et ta formation sportive ?
La capacité à gérer le temps a été la plus importante, mais aussi la plus difficile pour moi, surtout quand il s'agissait de travaux scolaires, d'examens et d’évaluations internes. J'ai trouvé que faire une liste de choses à effectuer par ordre d'importance et de les rayer au fur et à mesure que je les faisais m'a beaucoup aidé.
Je conseillerai également aux autres d'accepter toute l'aide que les enseignants ou leurs parents leur apportent. Je recevais beaucoup d'e-mails me demandant de donner des conférences ou des interviews, j'étais donc heureuse d’avoir l'aide de mes parents.
Nous cherchons à développer le programme Sport-Études d’Haut-Lac. Penses-tu que nous pourrions faire quelque chose en particulier pour soutenir nos jeunes athlètes à l’école ?
Je pense que c'est une excellente idée de continuer à développer le programme, car il n'en était qu'à ses débuts lorsque Karl et moi étions là.
Il serait bon de faire venir des diététiciens ou psychologues du sport, afin que les élèves puissent avoir des renseignements et connaître leurs rôles. Je ne connaissais pas tous ces spécialistes et j'étais assez débordée quand j'ai commencé dans le monde du sport. Il est très important de connaître dès le départ les thérapeutes du sport, ainsi que les médecins, car ils doivent faire partie de ton équipe.
Haut-Lac devrait également continuer à soutenir les élèves qui ont besoin de s'absenter de l'école pour des compétitions. Quand on m'a accordé une semaine de congé pour un grand championnat, j'ai su que l'école était là pour moi et cela m'a redonné confiance en moi. Mon ancienne école ne m'a pas laissé partir, ce qui a rendu tout plus difficile. C'est vraiment important de participer aux grands événements, car ce sont eux qui te donnent confiance.
Je pense qu'appartenir à un groupe d'élèves-athlètes est vraiment important. Karl et moi nous nous entendions très bien, même si nous n'étions que deux et que nous pratiquions des sports différents. Faire partie d'une équipe donnera aux élèves en sport un sentiment de fierté dans ce qu'ils font et un réseau de soutien.
Quelles sont vos principales sources de motivation, sportives ou autres ?
Le premier est bien sûr Roger Federer. C'est un athlète suisse et il m'inspire vraiment dans tout ce qu'il fait. Il est très apprécié par tout le monde, même dans les médias.
La seconde est Serena Williams. J'adore le tennis en fait. C'est un sport que j'aime regarder et pratiquer un peu en été. Elle m’inspire vraiment parce qu'elle participe toujours à des compétitions, même si elle est maman maintenant, ce qui montre à quel point elle est forte. Elle a aussi beaucoup parlé de santé mentale.
De quoi es-tu la plus fière dans ta carrière sportive jusqu'à présent ?
Me rendre aux Jeux Paralympiques, me qualifier pour deux finales et réaliser deux records personnels sont certainement les moments où je me suis sentie la plus compétente et la plus fière jusqu'à présent.
En tant qu'école, comment Haut-Lac t’a-t-elle aidée dans ton cheminement vers les Jeux Paralympiques ?
Je pense qu'ils s'en sont plutôt bien sortis ! J'ai obtenu mon diplôme de l’IB en deux ans, ce dont je suis très heureuse. Je ne voulais pas le faire en trois ans, car cela aurait gêné ma préparation pour Paris 2024.
Comme je l'ai dit auparavant, l'école m'a beaucoup aidée en me permettant de prendre jusqu'à une semaine de congé pour de grandes compétitions, qui m'ont finalement donné la confiance dont j'avais besoin pour me qualifier pour les Jeux Paralympiques. Les enseignants ont également été d'un grand soutien. Je suis vraiment heureuse et reconnaissante de leur soutien.
Lorsque tu penses aux qualités du profil de l'élève de l’IB, comme étant un preneur de risque, ouvert d'esprit et réfléchi. Comment les études de l’IB ont-elles contribué à ton développement personnel ?
Je pense qu'être ouverte d'esprit m'a vraiment aidée.
L’IB aide également à rester disciplinée et concentrée, deux choses dont j'ai besoin pour continuer à améliorer à l'avenir.
Je vais faire un Bachelor en « Media Communications & Sociology », ce qui je pense, m'aidera beaucoup dans mon sport en raison de tous les e-mails que je dois écrire et des présentations qu'on me demande de faire. Deux choses que j'ai également beaucoup faites durant mon programme IBDP.
Tu pars bientôt à l'université à Londres. Quels sont tes grands espoirs et rêves pour l'avenir ?
Ma prochaine grande compétition sera l'année prochaine aux Championnats du Monde d'athlétisme à Kobe, au Japon. Et ensuite ça sera Paris 2024.
J'espère également obtenir mon Bachelor en « Media Communications & Sociology », dans 3 ans, puis faire un Master, avant de me lancer dans la communication médiatique du sport.
J'aimerais travailler dans le marketing pour une grande marque ou Fédération Sportive comme celle du Comité Olympique et/ou Paralympique. Mon objectif de carrière est d'aider à promouvoir le handicap dans le sport et de soutenir la croissance continue des Jeux Paralympiques.
Il me semble que ton expérience aux Jeux Paralympiques a inspiré à la fois tes progrès sportifs et tes objectifs de carrière.
Merci beaucoup de m’avoir accordé du temps Sofia. Je sais qu’en ce moment tu es très occupée à te préparer pour l'université, à répondre aux e-mails et à donner des entretiens. Nous te souhaitons bonne chance en tant qu'école et continuerons à suivre tes progrès. Garde le contact et j'espère à bientôt.
Merci! Oui pas de problème. Je ne peux pas rester à Londres tout le temps, alors je reviendrai très certainement lors de mon prochain passage en Suisse.
James Flavell