19 novembre 2020

COMMENT COMBINER LE SPORT D'ÉLITE & UN DIPLÔME IB

COMMENT COMBINER LE SPORT D'ÉLITE & UN DIPLÔME IB

Selon une élève-athlète déterminée de Haut-Lac École Internationale Bilingue

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Aujourd'hui, j’ai le plaisir de rencontrer une élève particulièrement unique. Elle nous a rejoint afin d'obtenir son diplôme IB, tout en s'entraînant simultanément pour le plus grand événement sportif mondial de l'année, les Jeux Paralympiques de Tokyo 2020* (article écrit avant Covid-19).

Sofia Gonzales est une élève très discrète lorsqu'elle est à la maison, mais quand elle est sur la piste c’est une coureuse qui a énormément de potentiel. Actuellement classée 5ème mondiale dans sa discipline, elle travaille dur pour obtenir son diplôme et pense à son avenir. Je réussi néanmoins, à prendre un peu de son temps pour lui poser quelques questions et voir ce qui la motive à repousser ses limites, tout en s'assurant une bonne éducation.

 

Alors, dis-moi, quel sport pratiques-tu et à quel niveau de compétition ?

Je fais du para-athlétisme, plus particulièrement les 100m et le saut en longueur, mais avec une lame car j'ai été amputée à l’âge de 3 ans. Je viens de participer aux championnats du monde de para-athlétisme et fais maintenant des compétitions à un niveau international en m'entraînant pour les Jeux Paralympiques de Tokyo 2020 !

Etant la seule coureuse de lame en Suisse avec une autre femme (Abassia Rahmani), nous sommes confrontées à beaucoup d'athlètes en fauteuil roulant, car nous concourons dans la même catégorie. Mais grâce à mon classement après les championnats du monde (5ème place), je suis optimiste quant à la sélection.


À quel âge as-tu commencé à concourir avec cette lame? (prothèse sportive)

J'ai découvert la lame en 2016 et ma première compétition a eu lieu en 2017. La première année a été celle de la découverte et de l'apprentissage de la course, lorsque j'ai rejoins le CA Riviera (Club d’athlétisme) avec des amis. Au début c'était plutôt une activité sociale, mais quand j'ai commencé à bien me débrouiller, les choses ont eu un effet boule de neige. Dès lors, tout a été très vite!


Est-ce que tes progrès incroyables en athlétisme ont eu un impact sur ta vie scolaire ?

Avant les Championnats d'Europe, je courais tout simplement pour le plaisir. Tout comme pour les enfants qui ont un passe-temps ou un sport qu'ils aiment, la course était le mien. Mais après avoir concouru à Berlin, j'ai réalisé que cela devenait une partie plus importante de ma vie et que je devrais tôt ou tard prendre une décision.


Quelle décision as-tu finalement prise? CF6F522E-3518-4106-AE87-F602E9F27CF1

Vers la fin de 2018, j’ai commencé à sentir que le système scolaire public n’était plus suffisamment accueillant pour les athlètes, car je n’étais pas autorisée à participer à un certain nombre de compétitions en raison du travail scolaire. Quand j'ai réalisé à quel point cela me dérangeait, j'ai commencé à chercher une école plus flexible qui m'aiderait à équilibrer éducation et sport, chose que j'ai trouvée à Haut-Lac. J'ai parlé à une diplômée de Haut-Lac également très impliquée dans le sport et elle me l'a recommandée comme étant une école qui soutenait beaucoup sa pratique. Maintenant que je suis ici, je peux le confirmer.


Comment fonctionne l'équilibre entre athlétisme et école?

Je gère mon emploi du temps avec Greg Wilson (Coordinateur du DP et superviseur de Sofia), afin que je ne prenne pas de retard. Je peux également faire mon évaluation interne en science du sport sur la lame, ce qui est génial car j’en apprends encore plus sur le sujet pour moi-même.


Qu'en est-il du passage entre le monde du sport pour adultes dans lequel tu es, et le monde de l'école - y a-t-il un décalage?

Parfois, il peut être difficile de renouer avec les gens lorsque je suis absente deux semaines, bien que cela fasse partie du choix que j'ai fait et que je puisse le justifier. C’est aussi plus facile quand je reste plus longtemps au même endroit, mais je me sens comme une adulte, gérant déjà mes parrainages et mon    « identité d’athlète ».

Cependant, je ne voudrais pas que l'on pense que je me considère supérieure à cause de mon sport. C’est une partie de moi que j’aime, mais je suis aussi une jeune-fille et élève qui aime être à la maison avec ses amis. C’est comme ça que j’aime que les gens me voient, quand je suis ici.


Pourquoi est-il si important pour toi de suivre une formation du Baccalauréat International, plutôt que de poursuivre tes études à domicile?

Honnêtement, l'école à la maison serait trop triste pour moi, car je serais seule toute la journée quand je ne m'entraîne pas. Je garde ma discipline pour le sport, donc je ne pense pas que je serais suffisamment stricte avec moi-même pour faire mon travail!

La routine de se lever et d'aller à l'école m'aide vraiment aussi, et l'éducation sera bénéfique comme option de secours. Une carrière sportive est une chose précaire, où l’on est vite trop vieux et où on peut être victime de blessures. C'est encore plus difficile de faire une carrière de para-athlète car c'est un très petit comité.

Je préfére donc recevoir une bonne éducation, peut-être faire plus tard un diplôme en gestion du sport ou en sciences, et mon rêve ultime serait de travailler pour le Comité paralympique. J'aimerais aider le monde à s'ouvrir davantage au handicap dans le sport. Je pense déjà que le fait que Haut-Lac m'ait accepté et m'aide à faire ce que je fais est vraiment précieux, et j'aimerais pouvoir aider à mon tour.

 

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Quelles qualités penses-tu avoir développées à travers cette expérience ?

La discipline et l'organisation. Avant, je n'étais pas une personne très organisée, mais maintenant je vis en respectant un emploi du temps, ce qui m'aide à planifier mon entrainement, mes études, mon alimentation - tout! Si je perdais ça, je ne saurais plus où j’en suis.

Je pense aussi que j'ai grandi, que je suis devenue une personne plus ouverte et que j'ai appris à éliminer toute négativité ou inquiétude à propos de ce que les autres pourraient penser de moi. Avant, je cachais ma prothèse alors que maintenant j'en suis devenue fière. L'école et le sport m'ont aidé à l'accepter et à en faire une fierté.

Maintenant, je me demande comment j'ai pu par le passé être gênée par mon handicap. C'est ce nouveau chapitre de ma vie qui m'a vraiment donné confiance et m'a permis de voir les choses de cette façon.


Quelle est pour toi la partie la plus enrichissante de l'athlétisme?

Je pense que c'est de pouvoir être moi-même et de concourir à très haut niveau. Ça, et la vitesse. La vitesse est incroyable. Cela me fait repousser mes limites et penser que je peux tout faire.

 

Et à en juger par la détermination qu’on peut lire dans ses yeux, je ne doute pas qu'elle puisse le faire. Équilibrer une carrière d'adulte et sa scolarité est une situation inimaginable pour beaucoup d'entre nous, sans compter la pression supplémentaire de l'IB et la compétition sur la scène paralympique mondiale.

Cependant, Sofia semble déjà avoir un niveau de maturité et de sagesse bien au-delà de son âge. Grâce à sa sortie précoce du cocon que peut représenter l'école et d’une vie familiale régulière, elle a la mentalité d'une gagnante. Elle est concentrée et motivée, deux qualités qui la pousseront sur la voie de la réalisation de ses rêves. Je lui souhaite beaucoup de chance.

 

Katie Harwood

Tags: IBDP, WAoS, sport d'élite

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